Accord historique de la COP 28 pour une « transition hors énergies fossiles » d’ici 2050 : Enjeux, défis et opportunités pour l’Afrique

 

Les délégués des 200 pays réunis à Dubaï ont trouvé un accord afin de « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».

 

Ainsi pour la première fois dans un texte onusien, il est acté la sortie progressivement des énergies fossiles et c’est en soi déjà une révolution car toute l’économie mondiale repose aujourd’hui sur ces énergies qui représentent 80 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

 

Pour la Présidente de la Commission Européenne Ursula VON DER LEYEN le texte de la COP 28 « marque le début de l’ère post-fossiles ».

 

De son côté Antonio GUTERRES, le Secrétaire Général de l’ONU observe que « l’ère des énergies fossiles doit se terminer, et elle doit se terminer avec justice et équité ».

 

L’histoire retiendra également que c’est le Sultan AL-JABER, Président de la COP 28 et surtout patron de l’ADNOC, la compagnie pétrolière des Émirats Arabes Unis, dotée des quatrièmes réserves pétrolières mondiales qui a été l’un des principaux acteurs artisans de l’Accord de Dubaï et a applaudi cette « sortie » du pétrole.

 

Il est d’ailleurs le premier patron à présider une conférence de l’ONU sur le changement climatique, après 27 ministres ou diplomates.

 

Même si les délégués-es africains-nes ont applaudi debout comme leurs collègues l’annonce de l’Accord de Dubaï, il ne s’agit pas forcément d’une bonne nouvelle à court terme pour le continent pour plusieurs raisons.

 

Tout d’abord, la commercialisation des énergies fossiles représente à date la principale source de contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) pour plusieurs pays africains.

 

Pourtant, il y aura à terme une dévalorisation des actifs pétroliers.

 

D’ailleurs, le désengagement des majors pétrolières, comme TOTAL ENERGIES, de l’activité exploration et production dans plusieurs pays africains pour se focaliser prioritairement sur la distribution est un signe qui devrait alerter.  

 

Rares sont les pays africains qui ont amorcé une véritable réflexion stratégique sur l’après-pétrole et mobiliser toutes les parties prenantes (Administration, secteur privé, universités et écoles, etc.) afin d’engager dans leurs domaines de compétences les actions phares pour décarboner leurs économies.

 

Certes, conformément à l’Accord de Paris, quasiment tous les pays africains ont publié et actualisé leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) qui sont censées fixer le cap de la décarbonation des pays. 

 

Mais ces CDN sont plus des outils de communication destinés à quémander des fonds carbones à l’international que de véritables documents stratégiques de transition des pays vers l’économie bas carbone.

 

L’absence de concertation et d’implication du secteur privé dans les CDN en dit long sur leur faible ancrage avec les attentes et les besoins des entreprises qui sont pourtant des acteurs indispensables de cette nouvelle économie.

 

D’ailleurs dans leurs documents de planification et la mise en œuvre politiques sectoriels, rares sont les pays africains qui font référence à leurs CDN.

 

Par ailleurs, les entreprises africaines doivent réaliser urgemment leur diagnostic des émissions de GES afin d’identifier leurs risques carbones, mettre en place des politiques ambitieuses de réduction de GES et se positionner sur l’économie décarbonée.

 

L’Accord, de cette COP 28, qui est principalement centré sur les questions énergétiques offrent d’énormes opportunités à l’Afrique.

 

Il prévoit notamment un triplement de la production d’énergies renouvelables d’ici 2030. Ainsi en moins de dix ans, les capacités mondiales devront ainsi passer de 3400 à 11000 Gigawatts.

 

Solaire, éolien, géothermie, hydroélectricité, biomasse, énergies marines, etc. le potentiel des énergies renouvelables est immense en Afrique. 

 

Il faut maintenant structurer les portefeuilles de projets bancables pour attirer les investisseurs et lever des fonds carbones, développer les filières universitaires sur les énergies renouvelables, soutenir la R&D pour assurer le transfert de technologie et faire de l’émergence des champions nationaux dans le domaine des énergies renouvelables une priorité politique au niveau national.

 

Les pays africains riches en ressources naturelles peuvent capitaliser sur ces actifs pour négocier l’industrialisation verte, le transfert de technologies, lever des capitaux et définir des partenariats avec des pays de référence comme la Chine, leader mondial sur plusieurs segments des énergies renouvelables. 

 

Les industries minières et pétrolières ainsi que toutes les entreprises qui exploitent les ressources naturelles dans les pays africains doivent également être embarquées dans cette démarche.  

Plus globalement, c’est l’ensemble des industries que les pays africains doivent mobiliser pour accélérer leurs transitions vers une économie bas carbone.

 

En effet, l’Accord de Dubaï prévoit une « accélération des technologies à émissions nulles ou faibles » parmi lesquelles « l’hydrogène bas carbone » mais aussi « le captage et le stockage de carbone ».

Plusieurs études et rapports récents ont mis en exergue l’énorme potentiel de l’Afrique dans le domaine de l’hydrogène bas carbone. 

 

Il y a donc urgence pour la structuration de véritables filières industrielles dans ce secteur.

 

Concernant le captage et le stockage de carbone, qui fait encore polémique à cause du coût et des fortes quantités d’énergie et d’eau utilisées dans le process, l’Afrique est très en retard.

 

Pour saisir cette opportunité, il est indispensable de réunir les principales industries polluantes des pays africains (mine, pétrolier, ciment, sidérurgie, aluminium, etc.) pour une analyse des besoins et des études de faisabilité.  

 

D’autant que nous sommes désormais dans une guerre commerciale verte et il faut se préparer à toutes les batailles.

 

La COP 28 de Dubaï a acté l’énergie nucléaire comme une priorité et propose un triplement de ses capacités dans le monde d’ici 2050.

 

Namibie, Niger, Afrique du Sud, Malawi et Mauritanie font partie des principaux pays producteurs d’uranium en Afrique.

 

Il faudrait donc profiter de cet atout majeur pour ne plus exporter le minerai brut mais d’amorcer l’industrialisation de la filière pour la production d’énergie nucléaire.

 

La Russie et la Chine qui sont actuellement les champions mondiaux de l’énergie nucléaire pourraient être des partenaires stratégiques dans ce cadre.

 

Vue l’importance d’une énergie stable et à bas coût pour l’industrialisation, c’est quasiment tous les pays africains qui devraient étudier sérieusement cette option de l’énergie nucléaire dont la technologie est mature et comme la Russie et la Chine font désormais de l’Afrique leurs priorités stratégiques, il y a une immense opportunité pour le continent.

 

L’annonce en octobre dernier par ROSATOM, groupe nucléaire russe, de la construction d’une centrale nucléaire au Burkina Faso montre la voie à suivre par le continent. 

 

DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) est à la disposition des gouvernements, des entreprises, des agences de promotion des investissements et des organisations du secteur privé (patronats, chambres de commerce, bourses de sous-traitance, etc.) africains pour les accompagner dans la conception, la mise en œuvre et le suivi via des plateformes digitales de la RSE, de l’ESG et d’une économie circulaire, durable et décarbonée.

 

Thierry TÉNÉ

 

Associé et Directeur

Afrique RSE

 

Lauréat du prix spécial ISAR 2022 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans la catégorie internationale 

 

Co-fondateur de DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) : https://doinggoodinafrica.com

 

Tel / Whatsapp :  +33 6 75 37 49 67 

 

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Éditeur du magazine Dirigeantes

 

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