Impact durable en Afrique : Propositions de M. Thierry TENE à M. Mossadeck BALLY, Président du Groupe AZALAI et patron des patrons maliens
« Comment, selon vous, peut-on mieux concilier succès économique et contribution sociale ? » Telle est la conclusion de l’article très intéressant intitulé « L'impact durable est la véritable richesse ! » publié il y a un mois par M. Mossadeck BALLY, Président du Groupe AZALAÏ HÔTEL et Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM) sur sa page LinkedIn et qui a obtenu 935 Likes :
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Avant cette conclusion, il dresse d’abord un constat « L’entrepreneuriat ne devrait pas se limiter à la quête de profits. Il s’agit de bâtir, de transmettre et de créer un écosystème où la réussite individuelle se transforme en opportunité collective. »
Le Patron des Patrons maliens estime alors que « Chaque entreprise, chaque investissement et chaque action doivent être pensés pour générer un impact durable sur nos communautés et sur les générations futures. La prospérité se mesure non seulement à ce que nous gagnons, mais surtout à ce que nous donnons. »
Le Président Fondateur du Groupe AZALAÏ pose ici deux questions essentielles qui sont généralement peu débattues en Afrique.
La première est celle de la richesse / prospérité et de son partage. M. Michael PORTER, Chercheur et Professeur Américain de stratégie d’entreprise à l’Université Harvard a développé le concept de valeur partagée.
Dans le même ordre d’idée, M. Tony ELUMELU, Fondateur du groupe bancaire panafricain UBA, milliardaire et philanthrope a développé le concept d’Africapitalisme.
La deuxième est celle de l’impact durable.
Nous allons nous focaliser sur ce deuxième point qui rejoint l’interpellation initiale de M. Mossadeck BALLY.
La conciliation succès économique et contribution sociale à laquelle il faut rajouter la prise en compte des enjeux environnementaux nécessite trois conditions qui sont :
1 : Leader visionnaire avec l’impact comme ADN
Le dirigeant ou la dirigeante d’une entreprise peut décider de positionner l’impact positif au cœur de son business model.
La réussite d’un investissement à impact nécessite deux conditions qui sont l’intentionnalité et l’additionnalité.
Le / la leader visionnaire qui souhaite positionner l’impact au cœur de son business model doit clairement annoncer en amont cette intention.
Il s’agit par exemple de se positionner sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) et de s’engager fortement pour les atteindre.
Cet engagement doit être matérialisé par des objectifs chiffrés et vérifiables.
Actuellement en Afrique, on a très peu de leaders d’entreprises et de capitaines d’industries qui mettent l’impact au cœur de leurs business.
2 : Mise en place par les Gouvernements d’un cadre incitatif pour les champions nationaux de l’impact
Pour que les investisseurs à impact puissent passer de l’exception à la norme dans les pays africains, il faut que les gouvernements mettent en place un cadre législatif qui valorise et donne la priorité aux entreprises positionnées sur ce créneau.
Il s’agit par exemple de la priorité dans le cadre des marchés publics accordée aux entreprises à impact.
C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons assisté le Gouvernement Camerounais lors de l’élaboration de la politique nationale sur la RSE et la durabilité.
En prenant comme référence l’impact sur les ODD ou la promotion d’une économie décarbonée, les États africains peuvent concevoir un cadre de valorisation (par exemple un Label) qui contribue à l’émergence des champions nationaux de l’impact.
Le label DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) peut servir de support pour les Gouvernements africains.
3 : Les patronats et les organisations faîtières du secteur privé, locomotives des PPP qui impactent les ODD
Les syndicats patronaux africains sont malheureusement encore dans une logique de partenariat public – privé dépassée.
Ils sont très rares ceux qui positionnent la RSE et la durabilité comme leviers importants de leur collaboration avec les Gouvernements.
Pourtant, face à l’important retard des pays africains pour l’atteinte des ODD, un secteur privé qui mobilise ses membres dans ce sens à tout à gagner et obtiendrait beaucoup plus de concessions de la part d’un gouvernement africain.
Il faut donc que les organisations faitières du secteur privé soient les locomotives des Partenariats Publics Privés (PPP) qui impactent les ODD.
Ceci nécessitera une véritable réflexion sur les missions et rôles des organisations patronales africaines dans un contexte géopolitique en recomposition, devant la nécessité d’assurer une transition bas carbone, au regard des défis de la transformation digitale et de l’intelligence artificielle, face à la montée en puissance du souverainisme et à l’urgence de l’atteinte des ODD.
« Chaque entreprise, chaque investissement et chaque action doivent être pensés pour générer un impact durable sur nos communautés et sur les générations futures. » : Ces propos de M. Mossadeck BALLY plantent bien le décor pour les patronats africains qui souhaitent amorcer une réflexion profonde sur leur raison d’être dans le contexte très mouvant actuel.
Thierry TÉNÉ
Associé et Directeur
Lauréat du prix spécial ISAR 2022 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans la catégorie internationale
Co-fondateur de DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) : https://doinggoodinafrica.com
Tel / Whatsapp : +33 6 75 37 49 67
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Éditeur du magazine Dirigeantes
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