Responsable RSE et DD en Afrique, de l'alibi « washing » à l’atout majeur de la transformation des entreprises

Avec la montée en puissance de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) en Afrique, on observe parallèlement la création des postes de Responsable RSE, Développement Durable (DD) ou durabilité. Certains-es ont même le statut de Directeurs – trices et sont membres du Comité de Direction (CODIR) ou Comité Exécutif (COMEX).

Ce qui est une très bonne nouvelle et un indicateur que la RSE est un métier d’avenir en Afrique comme on l’observe sur d’autres continents même si l’absence de loi sur la RSE, la faiblesse des parties prenantes, le peu d’intérêt des clients-es africains-es pour les entreprises responsables, l’absence de sensibilisation des médias, la faible exigence de la RSE lors du financement des entreprises et des projets limitent encore le fort engagement RSE des entreprises africaines et par ricochet l’explosion de la « demande d’emploi » dans le domaine de la durabilité en Afrique. 

Responsable RSE ou DD, champion-ne du « washing » en Afrique

Ce sont d’ailleurs ces mêmes causes qui poussent celles et ceux qui occupent les postes de Responsable RSE ou DD à devenir des alibis « washing ».

Le « washing » consiste à communiquer abondamment sur les engagements sur une thématique alors qu’au fond, l’entreprise ne fournit aucun effort et ne met pas les moyens pour l’atteinte des objectifs visés.

Greenwashing, Socialwashing, Genderwashing et SDGwashing, les entreprises africaines sont spécialisées dans les communications mensongères sur leurs engagements environnementaux, sociaux, de féminisation et d’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Et les Responsables RSE et DD, quand ils / elles existent, sont au cœur de ces pratiques non éthiques.

Pourtant, ces personnes ressources peuvent se positionner en véritables acteurs-trices de transition vers la durabilité et de transformation des entreprises africaines.

Responsable RSE ou DD, atout majeur de la transformation des entreprises africaines

Quel que soit le temps que ça prendra, toutes les entreprises africaines devront intégrer la durabilité au cœur de leur business model sinon elles disparaitront ou seront exclues des chaînes de valeur mondiales. 

Dans l’excellent article « RSE : Le rôle pivot du responsable du développement durable », le magazine Harvard Business Review (HBR) de février-mars 2024 mentionne « La transformation des Directeurs-trices du Développement Durable (DDD). Hier au service de l’image et de la réputation de l’entreprise, les DDD travaillent désormais avec les investisseurs et participent à la définition de la stratégie. »

Selon l’HBR, pour le passage d’une RSE vouée à se donner une bonne conscience à une solide politique de création de valeur durable, il faut des dirigeants-es pragmatiques.

Le magazine conseille d’infléchir le rôle du / de la DDD sur quatre points : l’impliquer dans la stratégie et l’allocation des capitaux, rationaliser ses relations avec les parties prenantes, l’associer plus directement aux investisseurs et lui accorder les ressources et l’expertise adéquates.

Dans le contexte africain, les responsables RSE et DD qui ambitionnent de s’imposer comme partenaires stratégiques et indispensables du top management des entreprises doivent également :

  • Maîtriser le business model de l’entreprise et surtout les aspects techniques : Lors des missions de diagnostics RSE et au cours des formations des cadres et dirigeants-es africains-es sur la RSE et la durabilité, nous sommes toujours très surpris du niveau moyen des participants-es sur les détails techniques des différents process de l’entreprise. Très difficile dans ce cas d’avoir des discussions pertinentes avec les tout-puissants Directeurs-trices Techniques ou des Opérations sur les opportunités liées à l’intégration de la durabilité dans le business model de l’entreprise,
  • Travailler énormément sur la contribution de la RSE à la performance financière de l’entreprise et la création de valeur,
  • Mener la réflexion prospective sur l’entreprise dans 10 ou 20 ans dans un contexte de transition énergétique, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’exigences de la durabilité et de raréfaction des ressources tout ceci en proposant des produits / services à des prix compétitifs adaptés au contexte africain,
  • Disposer des relais dans toutes les directions de l’entreprise : Seule condition pour s’assurer que la RSE est déployée dans l’ensemble des directions opérationnelles de l’entreprise, 
  • Avoir de l’ambition à la hauteur de la fonction : La RSE s’articule autour de sept questions centrales (gouvernance, droits humains, relations et conditions de travail, environnement, questions relatives aux clients / consommateurs, loyauté des pratiques, communautés et développement local) qui touchent quasiment tout le fonctionnement de l’entreprise. Il faut donc que la fonction de la personne en charge de la RSE reflète son importance pour l’entreprise,  
  • Se former continuellement sur la RSE et faire former l’ensemble des collaborateurs-trices de l’entreprise sur la durabilité en commençant par les membres du CODIR / COMEX. 

DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) est à la disposition des gouvernements, des entreprises, des agences de promotion des investissements et des organisations du secteur privé (patronats, chambres de commerce, bourses de sous-traitance, etc.) africains pour les accompagner dans la conception, la mise en œuvre et le suivi via des plateformes digitales de la RSE, de l’ESG et d’une économie circulaire, durable et décarbonée.

Thierry TÉNÉ

Associé et Directeur

Afrique RSE

Lauréat du prix spécial ISAR 2022 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans la catégorie internationale 

Co-fondateur de DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) : https://doinggoodinafrica.com

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