Sénégal : Nouvelle frontière africaine de la RSE subie

Pour nous racheter d’avoir fait plus de 10 ans sans visiter le pays, nous allons consacrer quasiment la première quinzaine du mois de décembre 2024 à la Teranga avec activités très importantes sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et la durabilité.

Le programme est donc très chargé :

  • Conférence de presse à Dakar, 
  • Présentation du Baromètre DGIA Sénégal à Dakar, 
  • Formation certifiante sur la RSE et la durabilité au Sénégal du 10 au 14 décembre à Dakar en partenariat avec l’Association Sénégalaise des Sciences de Gestion (ASSG), 
  • Intervention à la 10ème édition du Colloque annuel international de l’ASSG organisé par le Laboratoire Saint-Louis Études et Recherches en Gestion SERGe) de l’Université Gaston Berger (UGB), du 17 au 19 décembre 2024 à Saint-Louis.      

Nous saisissons d’ailleurs cette occasion pour remercier le Pr. Birahim GUEYE, Professeur de Management Stratégique, Développement Commercial et Entreprenariat et Président de l’Association Sénégalaise des Sciences de Gestion, pour la confiance.

Le séjour au Sénégal sera l’occasion de refaire un focus sur la RSE subie. 

Il s’agit d’un concept que nous avons développé, il y a plus de 10 ans. 

Voici deux articles publiés à l’époque sur cette thématique : 

- RSE subie, risque majeur pour les entreprises en Afrique : https://www.agenceecofin.com/avis-dexpert-rse/2603-4060-rse-subie-risque-majeur-pour-les-entreprises-en-afrique

- RSE régulée, stratégique et subie en Afrique : https://www.agenceecofin.com/avis-dexpert-rse/2603-4060-rse-subie-risque-majeur-pour-les-entreprises-en-afrique

On parle de RSE subie quand une organisation n’intègre pas dans sa stratégie les enjeux ESG (Environnement, Social et Gouvernance) ainsi que la prise en compte des attentes des parties prenantes et finalement elle est contrainte de payer un prix très élevé pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan, à l’interdiction d’exercer ou à la destruction des actifs.

Quatre faits marquants permettent aujourd’hui d’affirmer que le Sénégal est la nouvelle frontière de la RSE subie en Afrique.

Le premier est celui de la compagnie nationale Air Sénégal. 

Dans le dossier « Air Sénégal : comment éviter le crash ? » le magazine Jeune Afrique revient sur les énormes difficultés auxquelles est confrontée la compagnie nationale qui est passée de « la fierté des Sénégalais à son lancement en 2017, au boycott par les passagers ulcérés par des retards interminables et un service client désastreux ».

Les enjeux sociaux (clients et salariés) et de gouvernance sont au cœur de la RSE subie par Air Sénégal. 

Le deuxième fait marquant de la RSE subie au Sénégal est la suspension des activités minières dans la zone du fleuve de la Falémé. 

« est suspendu jusqu’au 30 juin 2027, pour nécessité de préservation de l’Environnement, de protection de la santé des populations et de sécurisation de la zone frontalière, toute opération minière ou délivrance de titre minier autour de la rive gauche du fleuve de la Falémé sur un rayon de cinq cents (500) mètres. » : Tel le contenu de l’Article premier du Décret n° 2024-1502 portant suspension des activités minières dans la zone du fleuve de la Falémé signé le 31 juillet 2024 par S.E.M. Bassirou DIOMAYE DIAKHAR FAYE, Président de la République du Sénégal et S.E.M. Ousmane SONKO, Premier Ministre.

Cette décision présidentielle résulte d’un rapport de S.E.M. Birame SOULEYE DIOP, Ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines dont le Ministère, a sous instructions du Chef de l’État, dirigé une mission sur le terrain du 26 au 27 mai 2024 avec d’autres départements ministériels (Forces Armées, Environnement, Travail et Éducation Nationale), pour constater l’ampleur des impacts négatifs de l’exploitation minière sur la Falémé.

Dans le compte-rendu transmis au sommet de l’État, le Ministre démontre l’urgence d’agir « Principal affluent du fleuve Sénégal, ce fleuve (Falémé, ndlr) qui gît sur une zone frontalière est aujourd’hui en proie à des activités minières sauvages qui charrient d’innombrables conséquences environnementales, sanitaires et sécuritaires préjudiciables aux populations riveraines. Cette situation préoccupante appelle de la part des autorités nationales des mesures fortes afin de trouver une solution juste aux incessantes plaintes des populations. »

https://energie.gouv.sn/wp-content/uploads/2024/08/DECRET-INTERDICTION-FALEME-sortie-2.pdf

Le troisième fait marquant de la RSE subie au Sénégal est le saccage des entreprises, notamment françaises, lors des tensions politico-sociales.

Depuis l’entrée en fonction du nouvel exécutif, on ne peut que se réjouir de la fin des tensions politico-sociales au Sénégal. 

Mais on commettrait une grave de ne pas s’attaquer aux causes racines des destructions et saccages des entreprises en général et françaises en particulier. 

Car il ne s’agit pas de simples faits divers qui résultent des manifestations mais plutôt des faits sociaux au regard des enjeux géopolitiques et géostratégiques dans une région Afrique de l’Ouest en pleine « ébullition ». 

Au Sénégal, il n’y a pas encore eu des travaux de recherches approfondies sur la corrélation entre l’engagement sociétal des entreprises et leur saccage / destruction ou non lors des tensions politico-sociales comme ce fut le cas en Tunisie.

Lors du printemps arabe, la recherche a clairement démontré que les entreprises tunisiennes qui étaient engagées RSE ou dont les dirigeants étaient un peu plus portés sur le social avec un respect / estime des salariés ou des communautés locales avaient été « protégés » par ces parties prenantes. 

Et dans le cas inverse, ce sont les salariés et les communautés locales qui étaient les premiers à détruire les actifs des entreprises locales. 

Dans le cas du Sénégal, il est donc important d’effectuer ce travail de recherche.

D’autant que les premiers éléments du Baromètres DGIA Sénégal sur les pratiques RSE et de durabilité des entreprises, que nous réalisons actuellement, démontrent que les filiales françaises dont certaines ont été les plus touchées par les destructions font partie des entreprises qui communiquent le plus sur la RSE et produisent les rapports sur cette thématique.

Le quatrième fait marquant de la RSE subie au Sénégal est la pollution de la baie de Hann.

Après avoir été une magnifique plage, la baie de Hann est aujourd’hui la décharge des déchets de la population et des activités industrielles.

Depuis des années, il est question de dépolluer la baie avec des travaux qui s’amorcent.

Mais plus le temps passe plus le coût de dépollution de la baie explose. 

Et comme pour la Falémé, il faudra bien à un moment prendre des décisions difficiles pour stopper la pollution de la baie de Hann.

Bien évidemment, les pollueurs devront bien finir par payer. 

Les entreprises qui déversent leurs déchets dans la baie de Hann doivent se préparer. 

Quel que soit le temps que ça prendra, sous la pression des communautés locales et par ricochet du politique, elles finiront par payer y compris celles qui pensent se prévaloir de leurs relations politiques. 

Et si elles sont des filiales de multinationales étrangères, les coûts (financier, image, réputation, taxe, etc.) seront encore plus élevés.   

Le paiement sera numéraire, par destruction des actifs par les populations excédées ou par fermeture des sites par les autorités.

C’est ça la RSE subie.

Les entreprises concernées ont encore le temps d’internaliser leurs externalités négatives et d’envisager une véritable RSE stratégique pour limiter les risques.

AFRIQUE RSE et DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) sont à la disposition des gouvernements, des entreprises, des agences de promotion des investissements et des organisations du secteur privé (patronats, chambres de commerce, bourses de sous-traitance, etc.) africains pour les accompagner dans la conception, la mise en œuvre et le suivi via des plateformes digitales de la RSE, de l’ESG et d’une économie circulaire, durable et décarbonée.

Thierry TÉNÉ

Associé et Directeur

Afrique RSE

Lauréat du prix spécial ISAR 2022 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans la catégorie internationale 

Co-fondateur de DOING GOOD IN AFRICA (DGIA) : https://doinggoodinafrica.com

Tel / Whatsapp :  +33 6 75 37 49 67 

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Éditeur du magazine Dirigeantes

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