Dans son dernier rapport Perspectives Economiques en Afrique publié ce mois, le Fonds Monétaire International (FMI) estime que la croissance moyenne du PIB sera de 3,4 % cette année. En légère hausse par rapport au 2,8 % de l’année dernière. Le FMI l’explique par une croissance mondiale plus forte, les prix élevés des matières premières et un meilleur accès aux marchés de capitaux.
Avec un baril qui approche les 80 dollars le baril ce mois, il est fort probable que l’économie africaine maintienne une croissance soutenue cette année. D’autant que les tensions géopolitiques actuelles vont certainement contribuer à l’augmentation des cours du pétrole qui entraînera dans son sillage l’ensemble des autres matières premières.
Malgré l’accélération de la tertiarisation de l’économie, observée en Afrique depuis quelques années, l’économie brune qui dépend des ressources fossiles reste encore la principale contributrice au PIB. Elle présente aussi l’inconvénient d’être peu créatrice d’emplois.
Et qu’en sera-t-il demain dans un contexte mondial de réduction de gaz à effet marqué par l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris et un mouvement de désinvestissement sur les ressources fossiles?
Selon le rapport Emploi et questions sociales dans le mondiale 2018 : Une économie verte et créatrice d’emploi, publié le 15 mai, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) estime que la limitation du changement climatique à 2°C va entraîner la suppression de 6 millions d’emplois dans le monde.
L’OIT envisage par ailleurs la création de 24 millions d’emplois à l’horizon 2030 si les politiques de promotion d’une économie plus respectueuse de l’environnement sont mises en œuvre.
En faisant le ratio entre destruction et création d’emplois, l’écologisation progressive de l’économie mondiale permettra donc un gain de 18 millions d’emplois.
A cause de leur forte dépendance aux énergies fossiles et aux mines, l’Afrique et le Moyen-Orient connaîtront des pertes nettes d’emplois alors que 3 millions seront crées en Amériques, 14 millions en Asie et pacifique et 2 millions en Europe grâce aux mesures prises en matière de production et de consommation d’énergie.
Il est donc urgent pour l’Afrique de décarboner son économie, d’impulser une économie verte inclusive et de définir des portefeuilles de projets de green business.
Les autorités doivent adopter des politiques publiques ambitieuses pour assurer une croissance verte en mettant l’accent sur la valorisation des déchets et l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les transports alternatives, l’éco-tourisme, la gestion durable des forêts, l’agriculture biologique et durable, la valorisation économique des écosystèmes et l’éco-construction.
En synergie avec l’Etat, le secteur privé doit également saisir les opportunités de social-green business, de création d’éco-entreprises et de verdissement des emplois actuels.
Thierry TENE, Associé et Directeur de Afrique RSE